• Des bouteilles de vin cachent le secret

    Par Sarah Fascetti



       Le comportement de ce nazi, va conduire les autres à l’éliminer. Ainsi, la boisson est donc cause de mort. Remarquons le cynisme de Hitchcock : ce nazi va proposer un café (encore une boisson) pour servir les autres et essayer ainsi de rendre aimable et de se faire pardonner.



       Mais à ce stade du récit, la boisson, va prendre une autre forme, celle de l’uranium, qui est l’objet de la quête. Alicia n’est plus alcoolique, n’a plus de visions déformées et a les idées claires, elle est donc à même de mener à bien sa mission. La boisson a un rôle primordial dans le film et ce que les protagonistes cherchent tout au long du film (le Mac Guffin) est lié à la boisson : l’uranium est contenu dans des bouteilles de vin. C’est l’alcool qui cache le secret.

       L’objet de la quête est dévoilé par un des nazis qui semble perturbé lorsqu’il aperçoit des bouteilles de vin lors d’un dîner. Alicia regarde les bouteilles, la caméra est subjective. Mais la caméra fait un travelling avant pour finir sur un gros plan des bouteilles, ce qui n’est pas naturel. Le regard ne peut faire ce mouvement car Alicia est assise, ne se rapproche pas des bouteilles. C’est donc le narrateur qui intervient pour appuyer l’importance de ces bouteilles. Il faut noter qu’elles sont au nombre de 3, ce qui rappelle le trio Alicia, Devlin, Alex. Comme le plan sur la bouteille de champagne oublié par Devlin chez les espions américains, les bouteilles deviennent incarnations des personnages et marquent leur présence en leur absence.

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  • Vision claire, découverte du secret

    Par Sarah Fascetti




      L’étape suivante est celle de l’arrêt de l’alcool et de l’espionnage. Lorsqu’elle se réveille saoule le lendemain, Devlin s’approche d’elle, la caméra présente Devlin à l’envers. Hitchcock utilise encore la caméra subjective qui présente la déformation visuelle à laquelle est soumise Alicia. Un plan du visage d’Alicia au lit, saoule, présente au premier plan un verre au liquide opaque, c’est un médicament. Devlin lui dit, lui aussi de tout boire, de la même façon qu’elle l’incitait à se saouler, il l’aide à présent à dessaouler.

     

    Après cela elle entreprend d’arrêter de boire.


      Lorsque à la terrasse d’un café à Rio, elle dit à Devlin qu’elle a arrêté de boire depuis 8 jours, que l’on comprend qu’elle a décidé de séduire Devlin, de devenir une femme que l’on épouse. Ainsi le changement qui s’opère en elle est divulgué par son rapport à l’alcool. C’est une grosse bouteille d’eau en verre qui se trouve sur la table. D’ailleurs lorsque dans la même scène, Devlin ne veut pas croire en elle, en sa capacité à s’améliorer, Alicia décide, après en avoir refusé, de prendre une double portion d’alcool. La scène s’achève sur le visage de Devlin portant le verre à sa bouche. Cette scène est suivie par une scène où Alicia dit à Devlin qu’il a peur de l’aimer car elle est une ivrogne.

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  • " Il y a un drame ici et personne ne s’en doute  ...

    Et ce drame réside dans un seul fait, un petit objet :





    Cette clef




       Le récit de “Notorious” est structuré par l’action de boire et par des verres, bouteilles, mais aussi par des clefs et donc des portes.

    L’action de boire et les objets liés à la boisson se déclinent en verre, tasse, bouteille pour les objets, et en alcool, café, poison, médicament et eau.

    L’utilisation de ces objets et de l’action de boire déterminent le développement du récit et suit une évolution thématique tout au long du film. Ces objets permettent aussi de dégager le sens symbolique dont Hitchcock a voulu charger son film.

       Les objets liés à la boisson et les clefs sont à l’origine de la structure en quatre étapes de Notorious. Tout d’ abord le film développe  le thème de l’enivrement qui est lié à celui de l’exhibitionnisme et du voyeurisme. Puis, à l’enivrement va suivre un arrêt de l’alcool et une vision claire qui amènent l’espionnage.

    Ensuite c’est l’empoisonnement et l’enfermement d’Alicia, et enfin la boisson devient antidote et guérison, elle est libérée. Cette évolution en quatre temps est développée conjointement à l’aide de la boisson et des clés.

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  •    La subtile profondeur des nombreuses scènes à deux démontre la variété du style hitchcockien : tantôt l'auteur utilise des plans fixes assez simples quand il veut mettre en valeur l'importance du dialogue (scène de l'hippodrome où les héros, se sachant observés, doivent sourire même si leurs paroles mutuelles les blessent cruellement, scène du banc où Devlin s'acharne sur Alicia la croyant alcoolique alors qu'elle est empoisonnée et qu'elle a renoncé à lutter), tantôt il recourt à une technique très sophistiquée de plans séquences se développant au plus près des acteurs (La longue scène vendue sous le titre du plus long baisé de l'histoire du cinéma et où Chabrol a bien vu, dès 1957, qu'il s'agissait d'une confrontation d'épiderme montrant qu'il n'existe encore qu'un amour superficiel ; à comparer par exemple avec le baiser dans la cave, ou la longue scène des retrouvailles finales dans la chambre traitée comme un mélodrame du muet avec contrastes de clairs-obscurs).




       Dans les rares scènes à multiples personnages, Hitchcock donne libre cours à sa virtuosité à la fois sur la construction du suspens (scène de la réception avec montage parallèle entre, d'une part, la cave avec la découverte de la bouteille de vin et, d'autre part, le salon où la diminution progressive des bouteilles de champagne indique que le maître de maison devra bientôt visiter la cave, ou la descente de l'escalier menacée par les questions des espions et l'attitude de Claude Rains) et sur celui de l'élaboration des mouvements d'appareils spectaculaires (Présentation de Mme Sebastien prise à mi-escalier, traversant l'ombre et apparaissant menaçante au premier plan, plan à la grue dans la réception et aboutissant sur la main de Alicia refermée sur la précieuse clé de la cave).

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  •  Comme dans "Rebecca", l'héroïne est encore une amoureuse qui se sent indigne de celui qu'elle aime.



      Héros romantiques frustrés, Alicia et Devlin ne vont cesser tout au long de l'intrigue de se mettre à l'épreuve, prouvant en cela leur manque de confiance en eux-mêmes, dans leur partenaire et dans leur amour.

      Ce jeu extrêmement cruel pour eux (qui sont seuls à le comprendre) s'insère dans le (double) jeu que mène l'héroïne au milieu des espions. Etant, dans le couple qu'elle forme avec Devlin (Cary Grant à contre-emploi terne, cruel et étriqué dans son habit d'espion professionnel) la plus exposée et la plus vulnérable, elle est aussi la plus émouvante. Son itinéraire moral qui la conduit à vouloir racheter la faute de son père et obtenir l'estime de Devlin coïncide exactement avec son parcours amoureux.

      Dans les deux cas, elle prend des risques infinis et ce n'est qu'au bord de la mort, ayant fait seule les quatre cinquièmes du chemin, qu'elle rencontrera enfin la confiance et l'amour sans arrière pensée de Devlin.

      Ce double itinéraire se déroule au milieu d'une étonnante galerie de figures patibulaires et inquiétantes avec lesquelles contraste la figure presque touchante de ce méchant amoureux qu'incarne Claude Rains, vivant comme tant de héros hitchcockien sous la coupe de sa mère. 

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