• "Notorious" - Hitchcock - Part II








     Comme dans "Rebecca", l'héroïne est encore une amoureuse qui se sent indigne de celui qu'elle aime.



      Héros romantiques frustrés, Alicia et Devlin ne vont cesser tout au long de l'intrigue de se mettre à l'épreuve, prouvant en cela leur manque de confiance en eux-mêmes, dans leur partenaire et dans leur amour.

      Ce jeu extrêmement cruel pour eux (qui sont seuls à le comprendre) s'insère dans le (double) jeu que mène l'héroïne au milieu des espions. Etant, dans le couple qu'elle forme avec Devlin (Cary Grant à contre-emploi terne, cruel et étriqué dans son habit d'espion professionnel) la plus exposée et la plus vulnérable, elle est aussi la plus émouvante. Son itinéraire moral qui la conduit à vouloir racheter la faute de son père et obtenir l'estime de Devlin coïncide exactement avec son parcours amoureux.

      Dans les deux cas, elle prend des risques infinis et ce n'est qu'au bord de la mort, ayant fait seule les quatre cinquièmes du chemin, qu'elle rencontrera enfin la confiance et l'amour sans arrière pensée de Devlin.

      Ce double itinéraire se déroule au milieu d'une étonnante galerie de figures patibulaires et inquiétantes avec lesquelles contraste la figure presque touchante de ce méchant amoureux qu'incarne Claude Rains, vivant comme tant de héros hitchcockien sous la coupe de sa mère. 





       Un des éléments essentiels dans les films d’Hitchcock est le mouvement des personnages, ou plus précisément leur trajectoire. A tel point que beaucoup parlent de trajet initiatique.

       Le parcours d’Alicia la conduit de la culpabilité à l’enfer et de l’enfer aux portes de la mort...
    Fille d’un espion nazi, elle porte sur ses épaules un lourd sentiment de culpabilité qu’elle tente de dissoudre dans l’alcool et, probablement, le sexe. C’est pour se racheter qu’elle accepte de s’introduire dans les milieux nazis de Rio et d’y jouer un double jeu. Dans cet enfer, dont la figure du diable est multiple, la mort la cueillerait au fond d’une tasse de café si sa trajectoire n’était liée à celle de Devlin.
    En espion professionnel, Devlin observe  et manipule tous ceux qui peuvent lui servir. Froid et distant, il ne semble pas être sujet aux sentiments. Son voyage l’amène à se défaire de cette carapace et à devenir humain. Et c’est parce qu’il arrive au terme de son trajet qu’il vole Alicia à la mort.

       En fait Alicia et Devlin partagent le même périple initiatique, celui de l’amour.

    « Ce film tout entier fut conçu comme une histoire d’amour »

    déclara Hitchcock, une histoire d’amour qui s’alimente d’une histoire d’espionnage, à tel point que l’on ne sait jamais s’il est rythmé par un suspense amoureux ou d’ « espionnage ». Qu’est-ce qui nous tient réellement en haleine ?
    La peur que Sebastian découvre qu’Alicia est un agent double ou qu’il découvre ses sentiments envers Devlin ?


       Ce film « Les enchaînés » nous conte une histoire d’amour qui naît entre deux êtres et qui se fortifie au rythme des aléas de leur mission.
    Pour nous faire palper ce sentiment, nous montrer son évolution, Hitchcock fait appel à l’instrument qui lui est propre : la caméra et donc aux regards.
    Lorsque Alicia se penche vers le hublot de l’avion qui survole Rio, Devlin pose sur elle un regard qui, mieux qu’un long discours, nous dévoile ses sentiments. Et nous ne serons pas surpris de les voir s’embrasser longuement une fois arrivés à leur hôtel.

       Par nécessité Alicia épouse Sebastian, à partir de cet instant Alicia et Devlin devront se voir en cachette, comme des amants. Et la multitude de regards qu’ils se porteront à la dérobade en dira long sur leur état d’esprit.

    Au travers d’une multitude de détails visuels, le spectateur comprend les sentiments qui lient Devlin et Alicia. Il est convaincu de leur amour et pour lui le dénouement ne fait aucun doute : ils s’avoueront leurs sentiments.

    Mais au beau milieu du film, tout est remis en cause.

       Alors qu’Alicia espère que Devlin la dissuadera d’épouser Sebastian, qu’il interviendra auprès de son chef, Prescott, pour modifier leur projet, il l’encourage à poursuivre sa mission. Cette scène entièrement construite en champ et contrechamp, se concentre sur les regards déçus et fuyants qu’échangent Alicia et Devlin qui soulignent, si besoin est, les sentiments qui les lient. Mais elle a une autre conséquence que de nous informer de ce fait, elle relance le suspense amoureux. Car ce qui paraissait évident pour le spectateur ne l’est plus. A partir de cet instant il ne cessera de se demander : « commet tout ceci va-t-il finir ?



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    mandragaure

     


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